Un bateau rompt ses amarres ;
l'épave à la dérive voit d'étourdissantes aventures
et abandonne ses visions
avec la consolation de les avoir vues :
sorte de victoire de la lucidité
sur des premiers élans d'espoir.
Ne retrouve-t-on pas ici à peine transposé
tout le programme poétique de Rimbaud :
"Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant
par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens".
(...)
Ainsi, "il arrive à l'inconnu, et quand, affolé,
il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues !".
(Lettre du Voyant, d'Arthur Rimbaud à Paul Demeny, 15 mai 1871)
Texte : Édition Vanier 1895.
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Bateau_ivre/%C3%89dition_Vanier_1895
Illustration : Le bateau ivre
avec la permission de l'artiste EveR.
http://www.ever.odexpo.com/
Ambiance musicale :
Extraits de Vénus, 2e mouvement de la symphonie Les Planètes de Gustav Holst,
interprété par le US Air Force band.
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Holst-_venus.ogg