Après la répression sanglante des manifestants, jusqu’où ira la junte militaire ?
Invitée : Sophie Boisseau du Rocher, chercheure associée - Centre Asie de l'Institut français des relations internationales (IFRI)
La junte militaire accentue la pression sur les manifestants en Birmanie, six semaines après le coup d'Etat. Invitée dans Géopolitis, la chercheuse Sophie Boisseau du Rocher craint une sortie de crise par la violence, comme en 1988.
L'histoire ne serait-elle qu'un éternel recommencement en Birmanie? Le coup d'Etat orchestré par l'armée le 1er février a en tout cas eu l'effet d'une douche froide pour tous ceux et celles qui croyaient la transition démocratique acquise.
Cheffe du gouvernement de facto depuis 2016, Aung San Suu Kyi avait, pensait-on, dompté les militaires. Le succès de la Ligne nationale pour la démocratie (LND), son parti, lors des élections de novembre 2020, semblait confirmer son autorité, lui garantissant la majorité des sièges au Parlement. Mais c'est justement ce plébiscite qui a déplu à la junte. Non contente de dénoncer un résultat "truqué", elle a organisé un putsch pour reprendre le pouvoir le jour même où le nouveau Parlement devait entrer en fonction.
"Il y a eu un malentendu: l'armée n'a jamais envisagé une transition démocratique. Elle a envisagé une transition politique, ce qui est fort différent. La transition politique se transformant sous le la direction d'Aung San Suu Kyi en transition démocratique, elle a décidé d'agir pour arrêter le processus avant que celui-ci ne lui échappe complètement", explique Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse au Centre Asie à l'Institut français des relations internationales (Ifri).
En organisant un putsch et en plaçant Aung San Suu Kyi en résidence surveillée, l'armée a voulu montrer ses muscles. "L'armée acceptera sans doute de maintenir la LND, mais elle refusera de garder Aung San Suu Kyi à sa tête. Son pari est que la LND ne survivra pas, ou survivra difficilement, sans elle", souligne Sophie Boisseau du Rocher.
Au sommaire:
- Birmanie: la "discipline" ou la démocratie?
- Sophie Boisseau du Rocher: "L’armée a agi avant de perdre le contrôle de la Birmanie"
- Des symboles de la pop culture dans les manifestations en Birmanie
- Sophie Boisseau du Rocher: "La société birmane a évolué à vitesse grand V, pas l’armée"
- La Chine, premier partenaire économique de la Birmanie
- Les Rohingyas au temps de l’Empire britannique
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