L’Iran traverse une crise multiforme, politique, économique et sociale. Le fossé ne cesse de se creuser entre le régime et la population est éreintée par l’effondrement économique du pays. Et ce, alors que les craintes d'une escalade de la guerre au Moyen-Orient entre Israël et l'Iran, restent fortes.
Invité: David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient, chercheur à l’Institut français d’analyse stratégique (IFAS) et à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), rédacteur en chef de la revue Orients Stratégiques
Présentation: Laurent Huguenin-Élie
Au sommaire :
00:00 Iran, une puissance régionale
02:27 Montée des tensions entre l’Iran et Israël
05:12 David Rigoulet-Roze: "Téhéran sait très bien qu’il y a un risque d’escalade"
09:37 Massoud Pezeshkian, un président iranien au pouvoir limité
13:05 David Rigoulet-Roze: "Le véritable enjeu, c'est la succession du guide suprême"
18:03 Où en est Téhéran dans son développement de l’arme nucléaire?
20:38 David Rigoulet-Roze: la bombe atomique "n’est plus un problème technique, c’est une décision politique"
25:04 Les Etats-Unis, premier partenaire de l’Iran avant la révolution islamique de 1979
Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, s’est rendu à Bagdad ce mercredi pour sa première visite à l’étranger. Il a signé quatorze protocoles d’accord avec l’Irak, notamment dans le domaine de l’éducation, l’agriculture et des ressources naturelles. Ce réformateur modéré a pris ses fonctions fin juillet, après avoir remporté les élections anticipées à la suite du décès de son prédécesseur Ebrahim Raïssi dans le crash de son hélicoptère en mai dernier. Massoud Pezeshkian s’est engagé à consolider les relations avec ses voisins afin d’atténuer l’isolement international de l’Iran et limiter l’impact des sanctions américaines sur son économie.
- Pays exsangue -
L’Iran subit depuis des années des sanctions occidentales, en particulier depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien, sous la présidence de Donald Trump. L’économie du pays traverse une crise aigüe.
" Le régime accuse les sanctions qui ne sont pas sans effet évidemment sur l'économie, mais en réalité le mal est plus profond ", estime David Rigoulet-Roze, chercheur attaché à l'Institut français d'analyse stratégique dans l’émission Géopolitis, avant de préciser que ce mal " est aussi sur l'incurie de la gouvernance du régime, sur la corruption. Cette situation, à laquelle s’ajoute une pression extérieure avec les sanctions, fait que la situation économique est absolument désastreuse. "
L’Iran fait en effet face à une inflation qui avoisine les 40% sur base annuelle, à un chômage élevé et à la dépréciation record du rial, la monnaie nationale, par rapport au dollar. La précarité augmente, la population est lasse et en colère.
Particulièrement la jeune génération, selon le spécialiste du Moyen-Orient : " cette jeunesse est totalement désabusée, elle ne croit plus du tout en la politique - contrairement à ses parents. Il y a la perception que le régime n'est pas réformable. Le pouvoir iranien gouverne un peu hors sol d’une certaine manière et c'est cette déconnexion évidemment qui accentue les clivages et le désespoir de la population. "
Un mécontentement qui s’exprime toujours plus ouvertement, malgré la répression. " Le régime est, entre guillemets, condamné" sur le fond, mais il tient grâce à la répression, surtout parce qu'il n’y a pas d'alternative politique qui serait susceptible de le remplacer pour l'instant ", analyse David Rigoulet-Roze.
Le site de Géopolitis : http://geopolitis.ch
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