Programme du concert :
Maurice Ravel, Concerto pour piano et orchestre en sol
Claude Debussy, Clair de Lune (BIS)
Francesco Piemontesi piano
Orchestre Philharmonique de Radio France
Ingo Metzmacher direction
Ravel entreprit simultanément la composition de ses deux concertos pour piano, le Concerto pour la main gauche et le Concerto en sol, au printemps de 1930. Les deux partitions furent achevées à l’automne de l’année suivante. Comment faire en effet quand on est un pianiste virtuose et qu’on veut, en même temps, écrire un concerto dans lequel l’orchestre, loin de se contenter d’accompagner le soliste, vive sa vie ? Comment, en un mot, renouveler la forme du concerto ? Pour Liszt, écrit Marcel Marnat, « comme pour Ravel, qui eut les mêmes difficultés à composer ses concertos, la solution du problème exigea non pas une mais deux œuvres », c’est-à-dire, d’une certaine manière, un « super-concerto » et un « anti-concerto » écrits à peu près simultanément, ou encore un concerto pour pianiste virtuose, et un poème pour piano et orchestre où le soliste est une voix de l’orchestre mais ne s’oppose pas à lui.
Le Concerto en sol, celui dont le plan est, des deux, le moins déroutant, « celui qui n’est pas pour la main droite seule », disait Ravel, fut d’abord conçu sous la forme d’une rhapsodie basque avant de prendre la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Le compositeur explique lui-même : « (C’est) un concerto dans le sens le plus exact du terme et écrit dans l’esprit de ceux de Mozart et de Saint-Saëns. Je pense, en effet, que la musique d’un concerto peut être gaie et brillante, et qu’il n’est pas nécessaire qu’elle prétende à la profondeur ou qu’elle vise à des effets dramatiques. On a dit de certains grands musiciens classiques que leurs concertos sont conçus non point pour le piano, mais contre lui. Pour mon compte, je considère ce jugement comme parfaitement motivé. J’avais eu l’intention, au début, d’intituler mon œuvre Divertissement, puis j’ai rééchi qu’il n’en était pas besoin, estimant que le titre de Concerto est suffisamment explicite en ce qui concerne le caractère de la musique dont il est constitué. »
Ce concerto, très virtuose, transcende son époque. Le premier mouvement utilise en effet des rythmes et des motifs que l’on se plaisait à découvrir (blues, jazz, fox-trot), avec une élégance et une distance typiques de Ravel, cependant que le troisième, selon André Boucourechliev, « déchaîne son “motorisme”, grande obsession de l’époque 1930 », avec de nouveau des espiègleries aux cuivres (glissandi des trombones) et des emprunts au jazz. Quant au mouvement lent, qui paraît être l’une des plus belles inspirations du compositeur, c’est une magnifique rêverie mélodique, soutenue par les broderies du cor anglais où l’on perçoit « des pulsations de sarabande et de valse noble » mais où « le contrôle de l’esprit omniprésent ne censure pas les fantasmes » (Boucourechliev) ; elle coûta toutefois beaucoup de peine au compositeur, qui l’élabora « deux mesures par deux mesures » avec sous les yeux la partition du Quintette avec clarinette de Mozart. Créé à la salle Pleyel par Marguerite Long, le 14 janvier 1932, Ravel dirigeant l’orchestre, le Concerto en sol fit très vite, en compagnie de son auteur et de sa dédicataire, la conquête de l’Europe.
Texte par Christian Wasselin
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