TIKEN JAH FAKOLY- Live à l'Élysée Montmartre, à Paris. (France) 15 novembre 2019
Playlist :
1 - 00:16 - Discrimination
2 - 06:03 - Africa
3 -12:33 - Alou Mayé
4 -17:07 - Viens Voir
5 - 22:10 - Tonton d'América
6 - 27:02 - Plus Rien Ne M'étonne
7 - 32:30 - Kodjougou
8 - 38:15 - We Love Africa
9 - 43:13 - Quand L' Afrique Va Se Réveiller
10 - 45:03 - Le Balayeur
11 - 46:57 - L' Africain
12 - 48:41 - Ouvrez Les Frontières
13 - 49:55 - Koumani
14 - 52:44 - Ça Vole
15 - 57:33 - Françafrique
16 -1:03:53 - Le Monde Est Chaud
Musiciens :
TIKEN JAH FAKOLY - Chant
David JNO BAPTISTE dit Ras Jumbo - Basse
Ludovic N HOLLE dit Beelan Bull - Batterie
Avelino Quilez dit Vi Avelino - Guitare
Andra KOUYATE - NGONI
DAVE KYNNER - Clavier
Julie BROU - Chœur
Elodie SAINT - Chœur
Jean-Baptiste DOBIECKI dit JB Moundele - Saxophone
Jeff QUELLEC - Trombone
Didier BOLAY dit Bolux - Trompette
Historique :
Vingt-cinq ans de carrière. Un quart de siècle de musique, d’engagements, de triomphes, de coups durs aussi. Et Tiken Jah Fakoly ne lâche rien. Toujours indigné, véhément, généreux, à la pointe de ce combat qui est toute sa vie : l’Afrique, son unité, son droit à sortir de la misère et des politiques qui l’y maintiennent. Et toujours armé du même glaive, ce reggae au verbe sans concession, au rythme implacable, qui n’omet jamais de rester inclusif et festif. Au point de nous faire prendre conscience que ce combat finalement, c’est autant le sien que le nôtre. Depuis Mangercratie, son premier albumen 1997, jusqu’à Dernier appel en 2014, il n’est guère de fronts sur lesquels le chanteur ivoirien ne se soit engagé corps et âme.
Avec Le Monde est chaud, son dixième album studio, Tiken endosse la tunique de l’écoguerrier pour évoquer cette actualité on ne peut plus brûlante du réchauffement climatique. Phénomène qui constitue à la fois l’ultime supplice infligé aux populations du sud et la crise qui synthétise toutes les autres, l’injustice suprême dont découle sécheresses, inondations, famines, guerres et migrations. Une réaction en chaîne infernale mise en perspective au gré de cet album coup de poing. Prompt à dénoncer la spoliation des richesses et le néo colonialisme dans ça vole, l’esclavage moderne dans Libya, à dépeindre un continent devenu l’enjeu de toutes les convoitises et le théâtre des pires exactions dans No No No, il met aussi ses frères Africains en demeure de prendre leur destin en main et face à leurs responsabilités, blâmant la fuite des cerveaux dans Pourquoi nous Fuyons ?, la jalousie dans Ngomi, la médisance dans Kodjougou, ou l’attentisme dans Dieu nous attend.Exerçant pleinement ce privilège du sage - appelé respectueusement « dakoro » au pays - il porte un regard lucide sur les gouvernements comme sur les peuples subissant leur joug. Avec l’autorité morale de celui qui a tant accompli dans le cours d’une seule vie, il se présente dans ce disque comme un exemple à suivre et une source d’inspiration pour la jeune génération.
Sa dernière réalisation en date, c’est ce studio flambant neuf construit à Abidjan où Le Monde est chaud a été conçu. Voilà 20 ans que la star du reggae africain n’avait plus enregistré en Côte d’Ivoire. Exilé au Mali voisin en 2003 en raison des menaces de mort dont il faisait l’objet, il a souhaité faire de ce retour au pays natal à la fois un retour aux sources musicales et un nouveau départ. Un choix que symbolise à lui seul ce quartier de Yopougon au nord d’Abidjan où il a débuté au milieu des années 90 et où s’est implanté Radio Libre Fakoly, complexe abritant studio, radio et salles de répétition. L’album ayant pour centre de gravité l’écologie, y injecter des énergies renouvelées paraissait pour le moins indispensable. Ce même désir de nouveauté l’a conduit à en confier la réalisation à Akatché, de son vrai nom Koffi Beneth Séraphin, producteur multi instrumentiste et beat maker ivoirien installé à Dakar, prodige de 27 ans qui porte en lui toutes les potentialités dont regorge la nouvelle musique africaine urbaine. Si depuis African Revolution en 2010, Tiken a donné à son reggae une touche plus « afro centrée » avec l’ajout à sa palette de sonorités traditionnelles, jamais kora, ngoni, sokou, kamele ngoni, balafon ou djembé n’ont sonné aussi modernes que sur Le Monde est chaud. Jamais ce patrimoine ancestral n’a porté autant d’histoire que de promesses d’avenir.
Chantés en français ou en dioula, ces textes de Le Monde est chaud renvoient à l’éternelle mission du reggae des origines, musique d’auto-défense dont la rudesse accueille comme nulle autre, exaltation et espérance. Musique qui charme l’oreille, envoûte le corps, ouvre les yeux. Musique qui oblige à regarder les désastres en invitant à ne jamais baisser les bras. De cette musique et de sa mission, Tiken Jah Fakoly reste aujourd’hui la voix et le symbole les plus puissants.